dimanche 13 avril 2008

Let me be the bad guy

Quand on bosse seul, on est bien obligé de tout faire soi-même.
C'est l'effet homme-orchestre (ou plutôt femme-orchestre en ce qui me concerne).

Le côté sympa, c'est qu'on maîtrise toute la chaîne et qu'on peut tout faire avancer soi-même. Le côté moins valorisant, c'est qu'on doit aller soi-même à la Poste ou acheter des ramettes de papier...

Moi ça ne me dérange pas vraiment. Mon métier a toujours été de gérer plusieurs projets en parallèle, de passer d'un sujet à un autre rapidement, de mettre les mains dans le cambouis et la minute suivante de faire du reporting haut niveau.

Les difficultés principales que j'identifie dans cette situation multi-casquette sont les suivantes :

  1. Difficulté à gérer les priorités : consacrer trop de temps à des sujets secondaires alors que le commercial est en souffrance par exemple et que ce qu'il faudrait, c'est vendre
  2. Risque de distraction : ne pas arriver à consacrer suffisamment de temps à chaque tâche et switcher en permanence, au risque de ne rien faire correctement et jusqu'au bout
  3. Risque d'amalgame entre différentes casquettes : ne pas arriver à dissocier les moments où l'on joue le rôle du gentil de ceux où l'on joue le rôle du méchant
Les deux premiers points sont gérables : ils demandent de l'organisation mais moyennant rigueur et discipline personnelles, on s'en sort.

Le dernier point est plus délicat car il met en jeu les relations avec le client.
Souvent, dans une boîte, ce ne sont pas les mêmes personnes qui assument le rôle du gentil et celui du méchant vis à vis du client, et c'est préférable.
Dans le terme gentil, je regroupe toutes les situations où l'on se pose comme le sauveur, celui (ou celle) qui est là pour aider le client, régler ses problèmes. Bref, le quotidien du chef de projets dont les projets se passent bien. Par méchant, j'entends le rôle que l'on tient quand ça se passe moins bien : refuser de baisser un prix, réclamer le paiement d'une facture, annoncer un retard sur un projet..

Dans l'un de mes jobs passés, quand ça chauffait sur l'un des projets que je dirigeais, mon PDG disait souvent : Let me be the bad guy. Et c'était lui qui montait au créneau pour faire avaler un truc un peu difficile au client ou annoncer une mauvaise nouvelle. Ainsi, je pouvais garder l'image de la gentille directrice de projets et c'était lui qui catalysait les énergies négatives. Cette expression m'a marquée.

Mais dans les petites boîtes, et a fortiori quand on n'a pas d'associé, on peut se retrouver le même jour à négocier dur un contrat ou un avenant, faire une super réunion de travail et essayer de se faire payer... tout ça pour le même client. Bref, jouer à la fois le good guy et le bad guy.

Et ça, mine de rien, ça demande de l'aplomb et beaucoup de détachement... J'en ai fait l'expérience récemment.

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